Spécificité de la flore en Isère

Berardia lanuginosa par M.Kopf , licence CC BY-SA

Du fait de grande superficie, tout du moins en rapport aux autres départements alpins, de sa situation au carrefour d’influences continentales, méditerranéennes, alpines et plus faiblement atlantiques, de sa grande variété de reliefs et de paysages, le département de l’Isère possède un grande richesse floristique. C’est même une des plus élevée des départements alpins en dehors des Alpes-maritimes. En revanche, et on paraphrasera ici Jean-Marc Tison dans son actualisation de la flore de l’Isère (le monde des plantes 1997), « si sa richesse est grande son originalité ne l’est pas ». En effet, le département accueille presque aucune espèce endémique et moins d’espèces intra-alpines et en limite d’aire que d’autres départements alpins.

Les découvertes récentes nuancent cependant un peu ce propos car désormais l’Isère compte dans sa flore les rares Astragalus leontinus, Astragalus arvetii, Carduus aurosicus, ou Carex cespitosa.

>> Pour en savoir plus : pages introductives de l’Atlas de la flore protégée de l’Isère

Si on veut faire un rapide tour d’horizon par territoire, on peut citer du nord au sud et d’ouest en est :

  • L’Isle-Crémieu est un territoire très riche (près de 1500 espèces) avec des cortèges liés aux prairies inondables du Rhône (Fritillaria meleagris), aux pelouses calcicoles sèches et aux pelouses sableuses (Allium coloratum), aux berges d’étangs…
  • La vallée du Rhône est un petit territoire mais qui possède des cortèges très spécifiques avec des espèces associées aux coteaux secs sur roches cristallines (Gagea bohemica) et des espèces liées aux milieux alluviaux du Rhône comme le rare Epipactis fibri.
  • Le Bas Dauphiné et la Plaine de Bièvre sont des territoires fortement agricoles dans lesquels se glissent, à la faveur d’une berge de mare, dans les friches ou des mouillères de champs cultivés quelques espèces rares comme Lythrum hyssopifolia ou Lysimachia minima
  • Le plateau de Chambaran avec ses nombreux étangs accueille des espèces de berges exondées comme Pilularia globulifera et des espèces de landes acidophiles d’affinité atlantique comme Erica vagans.
  • La Chartreuse et le Vercors, massifs préalpins de la zone externe, sont bien connus pour leurs espèces de falaises, rochers, crêtes et éboulis calcaires. On pourra citer entre autres, Dianthus gratianopolitanus, Primula lutea, Eryngium spinalba en limite nord sur le Vercors ou encore Potentilla nitida connue que de Chartreuse en Isère et en France.
  • Le Grésivaudan, territoire très artificialisé, accueille encore de très belles populations de Typha minima et de Calamagrostis pseudophragmites qui colonisent les bancs de sable et de limon du lit mineur de la rivière Isère. Certaines espèces associées à la culture de la vigne (Honorius nutans, Tulipa sylvestris) sont elles aussi encore présentes dans le territoire mais en situation précaire.
  • La Matheysine et le Trièves sont des territoires d’agricultures extensives avec de nombreuses espèces liées aux prairies de fauches, de pelouses sèches pâturées mais aussi de nombreuses messicoles (Allium rotundum, Galium tricornutum, Adonis flammea)
  • Belledonne possède un beau réseau de tourbières dont la célèbre tourbière du Luitel. Des espèces aussi rares que Scheuchzeria palustris, Lycopodiella inundata, ou Carex pauciflora, sont connues dans le massif. Souvent présente en périphérie de ces milieux tourbeux ou sur des talus suintants, Pinguicula grandiflora subsp. rosea et une sous espèce endémique connue uniquement dans les départements savoyards et en Isère, principalement sur le massif de Belledonne.
  • L’Oisans avec le massif des Écrins et les Grandes Rousses présentent les plus hauts sommets du département. Les espèces des plus hautes altitudes s’y développent et on rencontre aussi quelques espèces des alpes internes comme Astragalus leontinus découverte récemment, Salix helvetica ou des espèces arctico-alpines comme Carex bicolor.