Les bryophytes
Que sont les bryophytes ?
On parle ici des bryophytes au sens large c’est-à-dire les plantes terrestres qui ne possèdent pas de vrai système vasculaire. Le terme « bryophyte » s’applique ainsi à trois embranchements, les Marchantiophytes (les hépatiques), les Bryophytes au sens strict (les mousses vraies et les sphaignes) et les Anthocerotophytes (anthocérotes).
La bryologie à Gentiana
Gentiana s’engage depuis 2009 dans un programme d’acquisition de connaissances sur la flore bryologique de l’Isère.
Ce programme passe par la formation d’un groupe de bryologues locaux et par la mise en place d’une base de données.
Par ailleurs des recherches spécifiques sur des espèces patrimoniales ont été menées.
Les bryophytes patrimoniales
Les espèces protégées au niveau national
Sur les 14 bryophytes protégées au niveau national, 5 sont connues pour l’instant en Isère :
La buxbaumie verte (Buxbaumia viridis (Moug. ex Lam. et DC.) Brid. ex Moug. et Nestl.)
La Buxbaumie verte est une espèce circumboreo-montagnarde, présente en Amérique du Nord, Sibérie et Europe. Elle est bien représentée dans les montagnes de l’Europe centrale et la taïga scandinave.
En France, elle est présente dans tous les massifs montagnards. Sa discrétion et le manque de prospection bryologiques l’ont longtemps fait considérer comme très dispersée au sein de son aire de répartition. L’amélioration des connaissances de ces dernières décennies montrent globalement une plus grande fréquence qu’estimée initialement au sein de ses habitats de prédilection (Hêtraies-sapinières/Pessières).
Dans le département, l’espèce est connue dans l’ensemble des massifs montagneux. La fréquence dans chaque massif n’est pour l’instant pas évaluée.
La Buxbaumie se développe de manière quasi-exclusive sur les bois morts de conifères : souches, bois mort couché au sol (indifférente au diamètre), chandelles… préférentiellement sur des Sapins pectinés (Abies alba) et Epicéas (Picea abies), plus occasionnellement sur des pins. Elle est citée plus rarement, sur sol très humifère en sous bois de résineux, ou sur bois morts de feuillus.
Le dicrane vert (Dicranum viride (Sull. et Lesq.) Lindb.)
>> Fiche espèce
L’hypne brillante (Hamatocaulis vernicosus (Mitt.) Hedenäs)
>> Fiche espèce
L’orthotric de Roger (Orthotrichum rogeri Brid.)
Cet endémique européen, est connu en France uniquement dans les Pyrénées, les Alpes et le Massif central. En Isère, il est présent dans le bas Dauphiné, la Chartreuse, le Vercors et Belledonne.
Orthotricum rogeri est une espèce corticole, qui peut coloniser une large gamme d’essences. Le plus souvent on le rencontre sur des Saules, Sureaux, érables. On peut le rencontrer dans diverses communautés végétales qui vont des allées d’arbres plantés aux saulaies cendrées ou dans des hêtraies sapinières montagnardes. Il semble en effet être à l’optimum à cet étage.
Il est présente en Isère dans plusieurs sites protégées : ENS du Col du coq (Legland et Villaret, 2015), RNN Grand Lemps (Hugonnot 2013), ENS du Peuil (Hugonnot, 2007), l’ENS du Bout (Chavoutier, 2013), ENS du marais de la Véronnière et ENS des tourbières de l’Herretang.
La grimaldie rupestre (Mannia triandra (Scop.) Grolle)
Cette espèce holarctique à répartition discontinue, est très rare en France. Elle est actuellement connue dans un petit quart sud-est du pays.
En Isère elle a été découverte récemment dans le Royans.
Mannia triandra est une espèce terricole et calciphile qui colonise des zones de terre à nue, souvent en situation ombragée à la base de blocs par exemple.
Les espèces en liste rouge
Il n’existe pas à l’heure actuelle de Liste rouge nationale. Par ailleurs, une liste rouge sur les bryophytes est en cours de validation à l’échelle de la région Rhône-Alpes. Il est présenté ci-dessous quelques espèces parmi les plus menacées en Rhône-Alpes et présentes en Isère.
Meesia triquetra (L. ex Jolycl.) Ångstr.
En danger critique (CR) sur le projet de liste rouge régionale.
Meesia triquetra est une espèce à répartition circumboréale. Cette relique glaciaire et très rare en France où elle n’est connue que de quelques localités dans les Alpes, le Jura et la Massif central.
En Isère, deux stations sont connues, une en situation très précaire sur la tourbière du Grand Lemps, l’autre dans un marais de Chartreuse.
Elle se développe dans des bas-marais et marais de transition minérotrophes généralement bien conservés.
Bryum klinggraeffii Schimp.
En danger (EN) sur le projet de liste rouge régionale.
Cette espèce subcosmopolite est connue de la moitié nord de la France mais semble plus rare dans le sud (Pyrénées orientales, Vallée de l’Adour). À proximité du département, elle est connue dans l’Ain, la Savoie et est rare dans le Massif central.
En Isère, l’espèce est connue sur les bords du Rhône au niveau de la réserve de l’Ile de la Platière, dans l’Isle Crémieu (RNR Mépieu), à proximité immédiate du marais de la Véronnière, sur l’ENS de la Rolande.
Au niveau écologique, l’espèce est une pionnière des sols nus, humide et plutôt basiphile.
Elle est dépendante du battement annuel des eaux entraînant des dépôts vaseux et un renouvellement du substrat.
Ce Bryum est presque toujours stérile en France et repose donc essentiellement sur la présence des propagules tubériformes rhizoïdales pour se disséminer et persister sur ses stations.
Buxbaumia aphylla Hedw.
En danger (EN) sur le projet de liste rouge régionale
Cette espèce est considérée comme rare en France, où elle semble ne pas avoir été revue de nombreuses localisations anciennes.
En Isère elle a été observée en 2014 lors d’une prospection organisée par Gentiana dans les Chambarans sur la commune de Saint-Pierre-de-Bressieux. Des mentions anciennes dans Belledonne sont à confirmer.
Cette bryophyte pionnière, acidophile et plutôt xérophile, colonise les talus forestiers minéraux faiblement colonisés et souvent tapissés d’algues.
Physcomitrella patens (Hedw.) Bruch & Schimp.
En danger (EN) sur le projet de liste rouge régionale
Cette espèce holartique semble rare dans l’ensemble de la France.
En Savoie cette espèce est présente mais sur une seule localité. Elle parait un peu plus fréquente dans l’Ain.
En Isère, l’espèce est connue le long du Rhône au niveau de la Platière et dans le Grésivaudan le long de l’Isère (ENS de la Bâtie, ENS de la Rolande).
Cette espèce est caractéristique des végétations bryophytiques terricoles pionnières et éphémères des marges d’étangs ou des mares soumises à inondation périodique.
Riccia cavernosa Hoffm. emend. Raddi,
Vulnérable (VU) sur le projet de liste rouge régionale
Cette hépatique à thalle est largement répandue en France comme à travers toute l’Europe tempérée mais semble moins fréquente en zone méditerranéenne.
Riccia cavernosa semble avoir subit une forte régression dans les régions voisines. Par ailleurs on note qu’elle n’est pas citée en Savoie ni dans l’Ain.
En revanche, l’espèce semble encore bien présente en l’Isère puisqu’on la rencontre dans de nombreux secteurs de ce département (Isle Crémieu, Bonnevaux, Mont-du-Chat, Bas Dauphiné, Agglomération grenobloise, Grésivaudan).
Cette espèce annuelle estivale et pionnière recherche des sols nus, riches en base, elle se rencontre sur les berges sableuses de rivières, sur les vases d’étangs, dans les mouillères des champs de céréales. Elle semble bien tolérer l’eutrophisation.
